Vengeances by Chabin Laurent

Vengeances by Chabin Laurent

Auteur:Chabin,Laurent [Chabin,Laurent]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


8

LA NUIT SANS FIN

La nuit a été atroce. Comment raconter ?

Lorsque mon frère s’est retrouvé devant le corps sans vie de sa fille, j’ai cru qu’il allait s’effondrer. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait, dans un premier temps. Ses amis l’ont soutenu, ont tenté de l’éloigner du cadavre…

Mais très vite, une explosion de rage d’une rare violence l’a redressé, comme sous l’effet d’une volée de coups de fouet. Il a fallu se mettre à trois pour le maîtriser.

— L’ordure ! hurlait-il. L’immonde charogne ! Laissez-moi l’exterminer ! Je vais lui faire la peau ! Lâchez-moi !…

Et puis, presque aussitôt, passant d’un extrême à l’autre, il est tombé sur les genoux en sanglotant, en proie à l’abattement le plus total.

La suite a été un véritable cauchemar. Robert et les autres amis de mon frère voulaient emmener le corps de Michèle avec eux, et j’ai dû batailler ferme pour les convaincre de ne toucher à rien.

— C’est maintenant l’affaire de la police, ai-je dit. Il ne s’agit plus d’une sombre histoire de famille. Il y a eu meurtre ! Vous vous rendez compte de ce que ça signifie ?

— Ça signifie, a dit Bernard, devenu soudain d’un calme effrayant, que les Brivault sont revenus et…

Il s’est interrompu au beau milieu de sa phrase. Blême, tremblant d’une fureur contenue à grand-peine, il me regardait sans me voir, comme si au-delà de mon enveloppe physique il entrevoyait des spectres venus d’un autre monde…

Les autres semblaient hésiter, mal à l’aise. Je les comprenais. Moi-même, on ne peut pas dire que je nageais dans la joie…

Nous aurions pu rester longtemps ainsi, démoralisés, incapables d’agir et de penser, avec ce cadavre à nos pieds et mon frère qui pouvait, d’une minute à l’autre, basculer dans une folie que plus rien ne pourrait arrêter. Et puis, tout à coup, il y a eu des lumières, des cris, un remue-ménage providentiel qui nous a sortis de ce cauchemar.

Il devait être une heure du matin. L’air de cette nuit d’été était encore tiède, seule la moiteur de mes vêtements me rappelait le récent orage. Du ciel, dégagé maintenant, la lune déversait sur nous sa lumière triste. Quatre hommes venaient d’arriver.

J’en reconnaissais deux : Daniel et Julien Brivault. Ceux-ci se tenaient à quelques pas en arrière. Daniel était livide, le visage ravagé. Instinctivement, j’ai agrippé le bras de mon frère. Robert, de son côté, a eu le même mouvement.

Les deux autres arrivants, des policiers, se tenaient devant nous et braquaient leurs lampes, alternativement sur nous et sur le corps de ma nièce.

— Vous n’avez touché à rien ? a demandé le plus âgé, tandis que son collègue s’agenouillait près du corps.

Robert a répondu que non. Puis, comme le plus jeune des policiers se relevait, en secouant la tête d’un air assez éloquent pour qu’il n’ait rien à dire de plus, le premier lui a lancé :

— Sors ton portable. Appelle l’ambulance et le légiste immédiatement. Quant à vous, messieurs, a-t-il ajouté en se retournant vers nous, j’attends vos explications.

— Explications ? a rugi Bernard en désignant d’un regard haineux Daniel et Julien.



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